On peut définir le jeu comme une activité physique ou mentale qui a pour seul objectif de procurer du plaisir. On le retrouve dans toutes les sociétés humaines et on l’observe aussi chez les animaux.
Quoi de plus inspirant que des chatons qui s’amusent ! Il y a une légèreté dans le jeu, on l’associe souvent à l’enfance, mais, en fait, il permet à tous de s’émerveiller. Et les artistes ne s’en sont pas privés ! Pensons au cirque de Calder ou à ses mobiles qui défient la loi de l’équilibre avec leurs tiges métalliques et leurs formes colorées, tels des équilibristes sur un fil de fer.
Chez Jean Paul Riopelle, le jeu et l’art se confondent. Il adorait faire le clown. Tous se rappellent ces dîners où il fabriquait de petites chaises à partir de bouchons de champagne. Une amie raconte même l’avoir vu passer par la porte du chien pour amuser un célèbre marchand d’art ! C’est encore le jeu qui anime Jean Paul le conteur, lui qui avait le don d’inventer des histoires fabuleuses et de les faire passer pour vraies ; ou d’en raconter des vraies tout à fait étonnantes, comme ses exploits de voleur de coqs de clocher !
Le jeu habite l’œuvre de Jean Paul. Pensons à sa série de tableaux sur les jeux de ficelles. Appelé ajaraaq en inuktitut, ces jeux traditionnels illustrent des récits de vie et des légendes inuits. Jean Paul les découvre dans un livre. Ça l’intéresse d’autant plus qu’il s’amusait déjà à faire des jeux de ficelles avec ses filles lorsqu’elles étaient petites.
Sans en avoir l’air, Jean Paul s’amuse aussi avec ses sculptures. Le Chien-Isabelle, 1969-1970, par exemple, est le chien en peluche qu’il avait reçu en cadeau et qu’il a coulé dans le bronze ! Et La Joute, cette sculpture-fontaine monumentale installée dans le Quartier international de Montréal, est une référence au jeu de drapeau, un jeu d’équipe très populaire dans les cours d’école à l’époque. Il n’est pas étonnant que les penchants de Jean Paul l’aient mené à apprécier et à fréquenter les surréalistes, ces poètes et artistes en France qui mettaient l’imagination au cœur du processus créateur, en faisant des jeux comme les cadavres exquis.
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F.-M. Gagnon. « Le cirque de Riopelle », Vie des arts, vol. 40, n° 165, 1996, p. 54-55.