La liberté peut se définir comme la possibilité de vivre sans contraintes, sans avoir à se soumettre à une autorité. Être libre, c’est être autonome, c’est pouvoir faire des choix.
En art, la liberté semble totale : on peut, par exemple, créer une girafe qui mâche de la gomme ; ou construire une maquette dont la pyramide égyptienne est à l’envers. Pourtant, partout dans le monde et à toutes les époques, on a vu des artistes forcés de s’exiler pour pouvoir créer librement. Pensons, par exemple, à Pablo Picasso ou à Marc Chagall.
Jean Paul a été épris de liberté dès son jeune âge. Chez les scouts, on l’appelait d’ailleurs Taureau la liberté! Mais c’est dans les années 1940, auprès d’un professeur, le peintre Paul-Émile Borduas, que Jean Paul découvrira ce que signifie la liberté pour un artiste. Influencé par les surréalistes, Borduas incite ses élèves à travailler sans idée préconçue. Jean Paul et ses amis peignent en laissant libre cours à leur imagination: ils seront qualifiés de peintres automatistes. En 1948, ils rédigent le manifeste Refus global dans lequel ils critiquent la société qui veut les maintenir dans le carcan de la tradition et ils expriment leur besoin de libération.
Jean Paul, lui, a déjà fait son choix : dès 1947, il part pour la France, car c’est là qu’il se sent libre. La France de cette époque, c’est le rendez-vous de tous les artistes curieux et avides de renouveau. Jean Paul se lance dans la peinture à corps perdu. Dans les années 1950 et 1960, il remplace le pinceau par le couteau. Il y gagne une liberté dans le geste, une fougue, une épaisseur qui ont fait la renommée de ses grandes mosaïques.
Dans le privé, Jean Paul n’est pas moins épris de liberté. Adepte du camping, il parcourt l’Europe à motocyclette avec sa famille. Toute sa vie, que ce soit au volant de ses belles autos anciennes de marque Bugatti ou à la barre de son voilier, le Sérica, que ce soit dans le Grand Nord canadien ou parmi les oies blanches de Cap-Tourmente, Riopelle mord librement dans la vie.
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Guy Robert, Riopelle chasseur d’images, Montréal, Éditions France-Amérique, 1981, p. 272.